Comment installer correctement une VMC double flux dans une maison passive?

La ventilation double flux est un composant majeur d’une maison passive. Il est donc primordial qu’elle soit prise en compte dès le début de la conception, c’est-à-dire dès les premières phases de réflexion architecturale.

Positionnement de la VMC dans la maison

La première question à se poser va être sa position dans la maison.

  • Premièrement, contrairement aux idées reçues, elle peut s’installer aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la zone chauffée.
  • Si elle est à l’intérieur, on prendra soin d’isoler les conduits froids.
  • Si elle est à l’extérieur, on isolera les conduits chauds.
 

En fait, son emplacement doit être un compromis entre de nombreux critères :

  • Au centre de la maison, elle va minimiser la taille des réseaux de soufflage et de reprise.
  • Mais peut-être pas les conduits d’arrivée d’air neuf et d’extraction d’air vicié, qui vont être très dissipatifs puisque à la température de l’air extérieur.
 

Par ailleurs, une VMC est bruyante. Il faut donc le prendre en compte :

  • La mettre plutôt loin des chambres.
  • Ou l’isoler phoniquement des parois les plus proches.
 

L’emplacement idéal, quand c’est possible, c’est dans les combles perdus. En effet :

  • Les réseaux vont être plus faciles à poser.
  • Elle est proche du toit pour leurs émissions.
  • Elle est dans une zone tampon.
 

Sinon, on aménage souvent une zone technique près des pièces d’eau, qu’on essaiera de regrouper autour et au-dessus, s’il y a un étage.

Optimisation des réseaux de soufflage et de reprise

Ensuite, il faut optimiser les réseaux de soufflage et de reprise, notamment s’ils sont en pieuvre, pour limiter les pertes de charge.

Pour cela, on répartit les pièces en trois groupes :

  • Les pièces de reprise d’air : la cuisine, les WC, une douche, la salle de bains, une buanderie. Bref, toutes celles où l’on produit de la vapeur d’eau.
  • Les zones de soufflage : les pièces à vivre, la chambre, les bureaux, le salon, la salle à manger, etc.
  • Les pièces de transfert : le hall, le couloir.
 

On positionne les bouches pour que :

  • L’air soufflé parcourt bien la pièce dans laquelle il est installé,
  • Puis une zone de transfert,
  • Puis les pièces de reprise.
 

Calcul des débits et renouvellement d’air

On connaît les débits à respecter, on en a parlé plus tôt. Donc, l’idéal est de faire un tableau avec chaque pièce, son volume, les débits qui y circulent, et de calculer le renouvellement d’air de chaque pièce pour vérifier le respect des normes.

Par exemple : un WC qui fait généralement 5 m³, dans lequel on aspire 20 m³/h, aura ainsi son volume d’air renouvelé 4 fois par heure.

 

Et plus généralement, les pièces où l’on aspire l’air sont souvent les plus petites de la maison et celles où l’on génère le plus d’odeurs ou de vapeur d’eau. Donc c’est plutôt une bonne chose que l’air y soit directement aspiré avec de gros taux de renouvellement d’air.

Équilibrage des débits d’air

Enfin, une fois installée, il faut équilibrer les débits entre :

  • Le volume d’air aspiré,
  • Et le volume d’air insufflé.
 

Si ces débits sont mal équilibrés, vous prenez le risque d’augmenter les flux d’air.

En effet :

  • Si la double flux aspire plus d’air qu’elle n’en insuffle, elle va créer une dépression et faire entrer de l’air frais en provenance du dehors par vos fuites d’étanchéité à l’air.
 
  • À l’opposé, si elle insuffle plus d’air qu’elle n’en reprend, la maison va être en surpression, et cette fois-ci, c’est l’air chaud qui va s’évacuer par vos fuites.
 

C’est donc un point très important.

Et c’est là que ça coince généralement, car peu d’artisans savent le faire correctement. Il faut faire appel soit à :

  • Des bureaux d’études spécialisés,
  • Soit aux techniciens de certaines marques qui proposent – voire même pour certains imposent – cet équilibrage pour une bonne mise en route.
 

Le talon d’Achille des maisons passives

Pour moi, c’est le talon d’Achille actuel de la réalisation d’une maison passive : le manque de professionnels pour la VMC double flux, donc capables de :

  • Les concevoir,
  • Les installer,
  • Les équilibrer,
  • Et le tout pour un budget raisonnable, évidemment.
 

Donc, si vous ajoutez à cela le besoin d’un professionnel pour l’installation, par exemple d’un chauffe-eau solaire et de récupérateurs de chaleur sur l’eau chaude évacuée…

Je me demande s’il n’y a pas un métier à créer. Un truc pour ceux qui voudraient se lancer.

À venir : questions usuelles sur les VMC double flux

Dans la dernière partie, je vais répondre à quelques questions usuelles en rapport avec les VMC double flux.