
Le puits canadien est-il utile avec une VMC double flux ?
Le puits canadien fait partie, plus généralement, des puits climatiques. C’est-à-dire d’un réservoir de calories ou frigories dans lequel on vient piocher.
Si on utilise de l’eau, c’est un puits climatique hydraulique. Si c’est de l’air, c’est un puits climatique aérien.
Ce principe est vieux comme le monde : utiliser la stabilité de température de la terre profonde pour tempérer les variations de température.
Nos propres ancêtres l’avaient découvert il y a des millions d’années en se réfugiant au fond des grottes pendant les épisodes les plus froids. L’air y était à température constante d’environ une douzaine de degrés. Alors pas très confortable, mais suffisant pour survivre pendant l’hiver.
Le principe du puits canadien est simple : faire circuler de l’air à travers la terre avant de le faire rentrer dans les maisons.
Il s’appelle « puits canadien » non pas par hasard, car il est très utile au Canada lorsque les températures extérieures descendent très bas en hiver et que le contraste avec la température du sol est très important.
Dans ce cas, le puits canadien sert essentiellement à éviter le gel de la double flux.
Le dispositif est assez complexe à mettre en place :
Quel serait son intérêt chez nous, en France ?
Les ventilations double flux ont du mal à fonctionner au-dessous de 3 degrés. Car l’air sortant chargé d’humidité va geler au fur et à mesure de son refroidissement, et faire prendre en glace l’échangeur.
Donc la plupart des doubles flux ont une stratégie pour éviter cela :
Éviter ce désagrément peut avoir du sens, notamment dans les régions qui descendent facilement en dessous de zéro degré l’hiver.
Regardons comment ça se comporte en hiver :
Sans puits canadien : l’air entre à 0° dans la double flux et en sort à 18° (90% de l’écart est récupéré).
Avec puits canadien : l’air entre à 0°, sort à 7°, puis passe dans la double flux et est soufflé à 18,7°. Bref, on a gagné 0,7° sur l’air soufflé.
Bon à noter que le rendement du puits canadien va décroître avec le temps : le puits canadien se refroidit au fur et à mesure, alors que le rendement de la double flux est constant. Donc cet écart va même tendre à se réduire très rapidement.
Sans puits canadien : la double flux va souffler de l’air à 26,3°.
Avec puits canadien :
En gros, on souffle de l’air plus chaud que la température intérieure.
Dans les deux cas, et avec un puits canadien qui va se réchauffer au cours du temps, la température va monter à l’intérieur.
Ce qui est dommage, c’est qu’on a une masse de terre à 20°, mais qui ne permet pas de descendre en dessous de 25° l’air insufflé.
Et puis, en fait, on va utiliser très mal l’exceptionnel rendement de la double flux. En fait, il faudrait inverser les deux systèmes : profiter d’abord de la double flux pour récupérer un maximum de la fraîcheur intérieure, puis ensuite du puits canadien pour rafraîchir cet air.
Regardons ce que ça donne :
Dans ce cas, on souffle bien de l’air rafraîchi qui pourra compenser la hausse de température intérieure. Et le puits canadien va être moins sollicité, donc se réchauffera moins vite.
Il faudrait donc en hiver que le puits canadien soit placé avant la double flux pour préchauffer l’air, mais en été après la double flux pour rafraîchir l’air avant l’insufflation.
Autant dire : une usine à gaz. Impossible à mettre en place et avec de très grosses pertes de charge.
Si on considère maintenant les puits climatiques hydrauliques, qui utilisent un autre intermédiaire — de l’eau circulant dans la terre avant d’échanger sa chaleur avec l’air — ce dispositif est beaucoup plus léger à mettre en place.
Pour rafraîchir de l’air après la double flux, il suffit :
C’est donc un ensemble assez simple, robuste, et maintenable facilement.
Et qui a l’énorme avantage de pouvoir facilement se reconfigurer en puits canadien pour réchauffer l’air l’hiver :
Vous l’avez compris, le puits canadien n’a pas beaucoup d’intérêt dans une grande partie de nos régions.
L’enjeu pour les décennies à venir est de se protéger des surchauffes d’été.
Donc un puits climatique hydraulique sera beaucoup plus efficace, pour un investissement qui peut être plutôt faible.
Par exemple : si vous profitez des fondations pour y couler un tuyau en passant, sans mettre de PER de 32 mm en fond de fouille, vos fondations peuvent déjà donner un très bon résultat.