
Après avoir vu quels étaient réellement les besoins de chauffage dans une maison passive, on va voir maintenant comment concrètement on va se chauffer dans une maison passive.
On a deux possibilités :
Je rappelle que l’objectif d’une maison passive est justement de se passer d’un système de chauffage central.
Pour autant, on a un réseau disponible : celui de la ventilation double flux.
Donc on a une solution de distribution de chaleur grâce au renouvellement de l’air.
Si vous avez suivi mes précédentes vidéos, vous devez maintenant savoir que l’air ne peut pas contenir beaucoup de chaleur.
Cependant, on peut augmenter la chaleur apportée par l’air en jouant sur deux paramètres :
Mais on est très limité car il faut que ça reste confortable.
On a déjà tous expérimenté l’inconfort des chauffages d’entrée de magasins : beaucoup d’air très chaud qu’on va fuir très rapidement.
Faisons un petit calcul.
Notre maison de 100 mètres carrés, qui fait à peu près 150 mètres cubes, a un renouvellement d’air de 0,4 volume par heure, soit à peu près 100 mètres cubes par heure.
Il fait 0 dehors. La VMC réchauffe l’air jusqu’à 18 degrés à peu près.
On considère qu’au-dessus de 30 degrés d’écart avec l’air ambiant, l’air soufflé sera inconfortable.
Quand on approche les 50 degrés Celsius, la différence avec la température de la surface de notre corps est bien trop importante.
La capacité thermique volumique de l’air est de 0,34 watts par mètre cube kelvin.
Donc au maximum, on pourra distribuer une puissance de :
Ce chiffre est à retenir.
On ne peut pas distribuer de manière confortable plus de 10 watts par mètre carré de chauffage par la ventilation double flux.
Pour calculer le besoin maximum de chauffage, le PHPP simule deux conditions météo extrêmes :
Dans la maison montrée précédemment, le calcul donne environ 12 watts par mètre carré.
On est au-dessus des 10 watts par mètre carré.
C’est dû, dans ce cas précis, à un grand vide sur le salon. Donc un volume d’air plus important pour la même surface.
On ne pourra donc pas compter que sur la ventilation double flux.
Il faudra un complément, certes très faible.
Imaginez : c’est de l’ordre de 200 watts pour une maison de 100 mètres carrés.
C’est un peu plus que ce que consomme une télévision, par exemple.
Toutes les ventilations double flux de qualité ont, en standard ou en option, une résistance chauffante sur l’air soufflé qui varie de 900 à 3000 watts selon les modèles.
Utiliser la VMC pour distribuer le chauffage a un autre inconvénient : l’air est à la même température partout.
Or, on préfère généralement :
Apporter de la chaleur ponctuellement, à l’endroit et au moment où on en a besoin, semble plus judicieux.
Par exemple :
Le problème, c’est que vous ne savez pas, a priori, quel type d’habitants vous allez être.
Est-ce que vous êtes plutôt du côté des 5 kilowattheures par mètre carré par an, ou plutôt du côté des 30 ?
Par précaution, on aura tendance à surdimensionner le chauffage au moment de la conception, en mettant des radiateurs un peu partout, juste au cas où.
Habiter une maison passive, ça s’expérimente.
N’ayez pas d’a priori. Vivez dedans avant de faire les choix définitifs.
Celui-là sera certainement nécessaire pour avoir chaud au moment de votre douche ou au moment du bain des enfants.
Prenez le plus petit modèle, le plus simple.
Pas besoin d’accumulation ou de gestion électronique compliquée. Vous avez juste besoin de chaleur rapidement dans une toute petite pièce.
Pour la pièce à vivre, cela dépendra de vous. Je vous conseille, la première année, de ne pas installer de radiateur. Achetez un petit radiateur portable que vous rangerez au garage le reste du temps. Il vous permettra de voir votre besoin réel, et éventuellement d’installer un radiateur fixe plus tard si c’est nécessaire.
Il vous suffit de prévoir une arrivée électrique en attente au bon emplacement.
Apprenez à vivre dans votre maison et soyez pragmatique sur l’utilisation du chauffage.
Je ne peux pas parler de chauffage sans évoquer le chauffage bois : cheminées, poêles à bûches, poêles à granulés.
Réglons tout de suite le cas de la cheminée ouverte. Outre un rendement médiocre, elle est parfaitement incompatible avec une bonne étanchéité à l’air et perturbera fortement l’équilibre de votre double flux.
C’est à proscrire.
Si vous aimez vraiment le feu qui crépite, réservez-le au monde extérieur, sur un brasero pendant les soirées fraîches d’intersaison.
Les poêles doivent être :
Mais le problème n’est pas là.
Si la puissance de chauffage maximum est de l’ordre de 10 watts par mètre carré, il faut un poêle de 1,5 kilowatt maximum pour une maison de 150 m².
Et encore, il ne fonctionnerait à cette puissance que quelques jours par an.
Or, les plus petits poêles à pellets ont une puissance minimum de l’ordre de 2,5 kilowatts.
C’est encore pire avec un poêle à bûches, qui doit fonctionner à pleine puissance pour une bonne combustion, soit difficilement en dessous de 5 kilowatts.
Ces poêles sont donc bien trop puissants.
Par exemple, mes bureaux ici font 150 m², sont légèrement au-dessous du niveau passif (pas de cuisine, occupation intermittente, peu de douche). Mon poêle à granulés consomme de l’ordre de 15 sacs de pellets sur un hiver, soit 75 kg. L’entretien est programmé à 1000 kg, je ne l’ai toujours pas fait depuis 2002.
Vous l’avez compris : l’utilisation d’un poêle dans une maison passive est l’équivalent d’un canon pour tuer les mouches.
C’est bien trop surdimensionné.
Il n’aurait d’intérêt qu’en cas de besoin de forte relance, par exemple :
Une maison passive a peu de besoins de chauffage.
En général, l’inertie de la maison suffit à amortir les petites variations entre le jour et la nuit.
Cependant, dans certaines conditions limites (peu de soleil ou grand froid), le besoin de chauffage est réel, même s’il est faible.
C’est à vous de définir comment apporter ces quelques calories manquantes selon votre façon de vivre au quotidien.
Prenez le temps d’expérimenter quelques saisons avant de choisir vos moyens de chauffage.
Dans tous les cas, ils vont être économiques, aussi bien à l’achat qu’au fonctionnement, car vous allez peu les utiliser.
Les radiateurs électriques, très souvent décriés, redeviennent très intéressants.
Et si vous avez des scrupules à utiliser l’électricité pour ces petits besoins de chauffage, installez quelques panneaux solaires bien orientés. Ils vont produire largement ce que vous consommerez en une année.